Peut-être
connaissez-vous, sans le savoir, un proche atteint de schizophrénie ?
Car la réalité de cette
maladie, qui frappe une personne sur cent, est bien différente de
l'image qu'on en a couramment. Et peut-être que notre expérience
douloureuse, avec la perte de notre petite Marie, vous permettra de
sauver, ou en tout cas de soulager, une personne qui souffre
terriblement. Quand nous parlons de cette maladie autour de nous,
beaucoup de gens reconnaissent un proche qui présente les mêmes symptômes.
La personne atteinte de schizophrénie est victime d'une sorte
d'hypersensibilité. Son cerveau fonctionne « trop vite, trop fort ».
Il semble que les relations chimiques entre les cellules soient beaucoup
plus fortes et nombreuses que chez nous. Du coup, elle « perçoit »
des sons, des images, des sensations qu'elle a du mal à interpréter.
Ceci la plonge dans l'angoisse. Et elle commence à construire des
interprétations, des théories délirantes permettant de « justifier
» ce que les autres, forcément, ne perçoivent pas. L'un entend « des
voix » lui disant de commettre tel acte, l'autre se prend pour un
personnage célèbre chargé d'une mission importante.
Et comme ses proches nient sa « réalité », le malade sombre dans la
paranoïa : croyant que le monde complote contre lui et qu'il est donc
en danger. Même s'il commet parfois des violences, le « schizo »
n'est pas agressif, il a peur, c'est tout. Mais bien sûr, son
comportement provoque des réactions en retour de ses proches, et cela
ne fait qu'aggraver leur stress et leur souffrance. Tous vivent dans une
angoisse épouvantable.
Qu'est-ce qui cause cette maladie ? D'après les études scientifiques
qui ont progressé ces dernières années, la combinaison de plusieurs
facteurs : 1. Probablement un fond génétique et/ou des circonstances
angoissantes autour de la naissance ou de la petite enfance, provoquant
cette hypersensibilité. Les schizophrènes sont souvent très
intelligents, créatifs et sensibles. 2. La maladie elle-même se déclenche
presque toujours vers 18 - 25 ans, sans doute en lien avec les stress de
l'entrée dans la vie d'adulte. 3. Le rôle de déclencheur est joué très
souvent par des drogues telles le LSD, les amphétamines, l'ecstasy et
autres saloperies. Beaucoup s'embarquent dans un « mauvais trip » dont
ils ne reviennent jamais et qui détruit leur vie. Contrairement à
certains dires, fumer du cannabis ne soulage pas, mais au contraire
provoque ou aggrave chez certaines personnes délires et paranoïa.
Quelles qu'en soient les causes précises, ceux que la schizophrénie
frappe décrochent inévitablement de leurs relations sociales, de leurs
études et de leur travail. Non par paresse ou trait de caractère comme
on pourrait le croire à ce moment-là. Car, au début, les parents ou
les amis, guère informés sur cette maladie, ne comprennent pas les
premiers symptômes, croyant qu'il s'agit d'un phénomène de « post -
adolescence » ou que « ça va passer ». Pensant bien faire, ils
peuvent aussi se fâcher devant certains comportements et essayer de
forcer le malade à changer de comportement. Ou, désorientés, ils le
rejettent. Toutes réactions qui ne font qu'aggraver son stress, sa peur
et ses délires.
On essaie aussi d'argumenter et de raisonner les délires pour montrer
que, non, telle personne n'est pas en train de se préparer à vous
tuer, non, la télévision n'adresse pas un message caché au malade
pour le menacer ou lui donner des ordres, non, son entourage ne complote
pas pour lui faire du mal...
Le problème, c'est qu'on ne peut pas discuter avec ces délires. On ne
se comprend pas, car on vit à présent dans deux univers séparés et
opposés. Malheureusement, sans médicaments, il n'est pas possible de
mettre les délires « à distance » à défaut de les supprimer. Et
les médicaments, de leur point de vue, pourquoi en prendraient-ils
puisqu'ils « savent » ce qui se passe, tandis que tous les autres «
ne comprennent rien » ?
On le voit, dans une situation aussi stressante, le malade a d'abord
besoin d'amour, de sécurité, de compréhension. Mais s'il ne soigne
pas, les délires deviendront si monstrueux qu'il en sera dangereux pour
lui-même ou ses proches. Beaucoup se mutilent, cherchant à arracher de
leurs corps ce qu'ils pensent être des « corps étrangers » infiltrés
par « l'ennemi ». Il est primordial d'identifier la maladie au plus
vite et de prescrire un traitement énergique. Et parfois de prendre la
douloureuse décision de faire hospitaliser de force.
Pour être franc, les guérisons complètes sont rares, la médecine n'a
pas encore trouvé la solution. Mais il existe des traitements, moins
lourds qu'avant, permettant de mener quand même une vie plus ou moins
normale et de connaître encore des petits bonheurs. Malheureusement,
les suicides sont fréquents. Et c'est horrible de perdre son enfant
encore jeune dans des circonstances pareilles. Mais si on les aime, il
faut aussi apprendre à respecter leur décision d'en finir avec ces
souffrances insupportables.
De plus en plus de jeunes sont touchés, dans cette société
impitoyable qui ne peut leur garantir un emploi et un avenir et où la
drogue est devenue un des plus importants secteurs de l'économie. C'est
pourquoi il est vital de s'adresser au plus vite à un médecin spécialisé
compétent (on est malheureusement effaré de voir à quel point
certains docteurs sont encore ignorants quant à cette maladie).
Une aide précieuse et un grand réconfort peuvent être apportés aussi
par une association de parents de schizophrènes. Comme, en Belgique,
l'association Similes*. Une initiative admirable de quelques bénévoles
qui sont passés par là et se dévouent pour offrir aux parents angoissés
une écoute, des conseils, des échanges d'expériences.
Voilà ce que nous souhaitions vous dire. Si cela peut vous aider à détecter
plus vite la maladie chez un de vos proches et à l'aider, alors le
calvaire de notre petite Marie n'aura pas été inutile et cela nous
aidera à faire notre deuil.
Sa maman, son papa et sa soeur :
Françoise Pasquier Michel Collon Julie Collon
pasquier.fr@skynet.be
VOIR : www.mariecollon.info
Adresse provisoire ce lundi : www.collectifjauneorange.net/mariecollon
Adresses et documentation utiles :
ASSOCIATION DE PARENTS :
Fédération Similes Francophone - Rue Ducale, 81 - 1000 Bruxelles.
Tél.: 02/511.19.08 et fax: 02/503.47.15.
similesfrancophone@wanadoo.be , site
: www.similes.org
UN SITE D'ECHANGES SUR LA SCHIZOPHRENIE :
http://www.atoute.org/n/forum/forumdisplay.php?f=8
UN ARTICLE :
http://www.enmarche.be/Sante/Maladies/Schizophrenie.htm
DEUX LIVRES :
- De Hert / Magiels / Thys - Le secret de la micropuce cérébrale ,
Editions EPO
- De Hert / Magiels / Peuskens - Si loin, si proche (Désolé, ce titre
est épuisé. En bibliothèque ?), Editions EPO
www.epo.be
UNE B.D. : "Fous alliés" - Bande dessinée
collective réalisée par un groupe de personnes souffrant de troubles
psychiques. - Centre hospitalier psychiatrique de Liège - 2001
Maison du Social, Boulevard d'Avroy, 28/30 - 4000 LIEGE
04/232 31 77 - 79 maisondusocial@prov-liege.be |